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Chroniques xianaises etc.

2 mars 2011

Il y avait une ville

 

http://www.deezer.com/listen-6279927

 

 

                Sur un disque de deux kilomètres de rayon autour de pont T, la ville a repoussé plus vite que du liseron et celui qui ne sait pas quelle tragédie a eu lieu à Hiroshima ne devinera rien le long des avenues grouillantes bordées de toutes les enseignes de la ville franchisée du 21è siècle terrien.

         Seul témoin ce dôme décharné qui se dresse toujours à la sortie du tramway, un ancien bâtiment administratif. A 8h15 le 6 août 1945, quand la bombe larguée par l’Enola Gay a explosé à quelques 600 mètres au dessus de la ville, des dizaines de personnes se pressaient dans les bureaux du Dôme Genbaku. De cette dernière matinée d’effervescence ne restent aujourd’hui qu’une structure de béton, des formes de fenêtres, un sol jonché de gravats fondus et des poutres de métal tordues par la violence du souffle atomique.

Témoin de la ville qu’il y avait au cœur de celle qui a repoussé, et que parcourent encore quelques hibakusha (les survivants) sombres et ridés, qui ne verront sans doute pas se réaliser leur vœu : un monde débarrassé de la menace nucléaire.

http://nezumi.dumousseau.free.fr/japon/hiroshima.htm (Sur ce site on peut voir de nombreuses photos exposées dans le Musée d’Hiroshima pour la Paix, au cœur du parc mémorial construit sur la presqu’île au sud de  l’hypocentre, ancien quartier d’habitation densément peuplé, rasé par l’explosion.)

 

 

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24 février 2011

Osaka du deux au trois.

A Osaka, nous n’avons passé qu’une nuit dans le café paradis d’Attchan, Kikuchan et Manna, des amis de Shuhei, évidemment.

                Dans une vieille petite maison condamnée à être démolie sous 12 mois, ils ont quand même tenté l’aventure d’un café en sursis. Mais Hanahauta c’est bien plus que ça, c’est ce qu’Attchan appelle une « maison commune ». Elle voulait un lieu douillet, un lieu pour les amis. Mais un lieu ouvert aussi, avec des cours, des conférences et des concerts de Mbira !

Et puis chaque soir la maison est ouverte et deux ou trois personnes, en plus des trois colocataires, viennent dormir sur des futons, dans la grande pièce de l’étage où trainent des guitares, dans le soleil qui donne par la baie vitrée poussiéreuse.

Le soir, après la fermeture, Attchan nous entraine diner chez son vieux voisin, un ancien ingénieur, licencié pour cause de maladie, tombé dans l’alcoolisme, et qui remonte la pente en passant tous les jours au café, pour papoter et boire du lait chaud.

Au menu : Nabe (quelque chose entre le pot au feu et la fondue…) et cheese-cake, le tout bien arrosé de saké. En anglais, Attchan nous parle de ses projets, peut être rejoindre un cirque pour quelques temps après la fermeture du café, puis fonder une commune. Elle semble avoir pensé à tout. Kikuchan derrière ses lunettes avoue qu’il n’a pas toujours été si optimiste mais maintenant il veut croire à l’entraide et tenter l’aventure d’une vie marginale mais qu’il aurait choisie. Manna étudie pour devenir instit, elle serait l’enseignante de la communauté…

                A Osaka nous n’avons rien vu de la ville, mais je serais bien restée plus longtemps chez les amis du café où l’on fredonne, Hanahauta en japonais.

Hanahauta

Dortoir!

23 février 2011

Kyoto c'est beau.

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Chambre avec vue

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Aux portes du palais

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Palais de bois et de papier

23 février 2011

Black Bird: Kyoto, janvier 2011

                Après une nuit de bus nous avons débarqué à Kyoto, le 28 janvier vers 6h du matin. A cette heure là pas grand chose à faire dans une gare, en attendant notre rendez vous avec un ami de Yuko vers 10h. Alors on a arpenté le centre commercial énorme et désert de Kyoto Station avant de pouvoir échouer dans un café enfin ouvert.

                Yuko, notre hôte de Sado, avait fait marcher son réseau pour nous procurer un hébergement chez un de ses amis. A 10h nous attendions Shuhei à l'arrêt de bus près de chez lui, dévisageant tous les passants sans savoir lequel s'arrêterait. Puis sur le trottoir d'en face se tenait un petit mec à lunettes dans une polaire rouge, qui nous faisait signe.

                Nous avons suivi Shuhei et son amie Carry le long de la côte qui mène à sa maison. Il s'agit d'une vieille grosse baraque dans une petite impasse d'un quartier résidentiel un peu excentré au bas des pentes qui cernent la ville. Au premier étage, Shuhei habite une chambre de 8 mètres carrés au centre de laquelle trône un Kotatsu. Deux grandes fenêtres découpent dans le mur une vue panoramique de la ville. Dans un coin s'entassent un futon et d'épaisses couvertures. En face, sur une table basse qui ressemble à un hôtel, des photos d'un penseur-gourou indien et d'autres de Shuhei, robe bleue et chignon haut perché, quand il vivait en Afrique auprès de son professeur de Mbira. Shuhei est musicien. C'est comme ça qu'il a choisi de « gagner sa vie » (même si cette expression décrit mal la façon dont il mène son existence...), à raison d'une bonne vingtaine de concerts par mois dans des cafés d'amis à travers le pays.

                On prend place autour du Kotatsu. On dévore des cookies en miettes trimbalés depuis Niigata. Puis Shuhei se lève et farfouille dans des boites entassées dans un coin. Il en sort des cartes postales, les passe en revue et nous en tend trois chacune. Les raisons de son choix (celles-là plutôt que d'autres) nous échappent mais il les offres comme si elles nous étaient destinées. Puis Shuhei prend un des petit instruments derrière lui: « Please listen! » Il retire ses lunettes, enfile les protège pouces et ferme les yeux. Il nous joue la « chanson pour prier », les lamelles de métal sonnent, les capsules de bouteilles grésillent et frottent. Je sens déjà que c'est notre bonne étoile qui a croisé notre trajectoire avec celle de cet ovni là.

                Quand il cesse de jouer, Shuhei se lève et va dans la cuisine (commune). Il en rapporte trois bols de thé fumant (en nous expliquant que lui même n'en boit pas, car ça lui fait l'effet d'un pétard! Ça et le Roquefort...). Puis il dépose sur la table un plat d'oignons et de navets au curry. Il dit qu'on peut rester là ce soir et qu'ensuite il nous trouvera des amis chez qui rester plus longtemps. Finalement nous avons passé chez lui 6 jours et 5 nuits.

                Chaque soir on se retrouve autour du Kotatsu. Chacun vacant à ses activités (correspondance, rédaction de blog, préparatifs de départ pour notre hôte). Une fiole d'alcool d'abricot circule, avec des cigarettes indonésiennes et du chocolat français!

                A Kyoto nous avons d'abord beaucoup marché, le long des grandes avenues qui quadrillent la ville (construite sur la plan de Xi'an), ouvertes sur la perspective des montagnes aux quatre points cardinaux. Où que l'on soit à Kyoto, la montagne est au bout de la rue, et veille plus qu'elle ne vous toise. Et puis dans le silence du palais impérial dont les maisons de bois sombres et de torchis clair, fermées ou dévoilant parfois quelques salles peuplées de cigognes d'encre sur des murs de papier, gardent le mystère des empereurs et du protocole.

                Puis nous avons pédalé, à toute allure derrière un Shuhei volant sur son vélo violet: « Rent a Bike please, bicycle is the essence of Kyoto! » Il nous a emmenées: restau macrobiote où on écoute Joni Mitchell en déjeunant par terre sur le plancher chauffé par les rayons de midi, un autre où son pote a inventé la meilleure recette de nouilles au lait de soja du monde et où les enfants du chef se roulent en pyjama sur les tatamis après le diner, un Nabe chez Mathieu le français...et puis jusque dans son endroit secret, un abri de tôle au creux des montagnes où nous sommes montés pour un concert de Mbira très privé en forme de prière au crépuscule. Il faisait très froid mais le joueur illuminé s'est déchaussé et les orteils crispés il a égrené les notes dans la nuit de la grotte.

                Shuhei croit en Dieu, en des dieux plutôt. Et le soir il brûle une feuille de sauge blanche dont le parfum âcre emplit la chambre et annonce le sommeil. Il protège les dormeurs des esprits malveillants et c'est une offrande aux ancêtres qui veillent sur la chambre depuis le petit autel, près du plafond.

                Shuhei n'a rien si ce n'est son temps, libre comme l'air, son corps agile de chat et un esprit jovial et complètement perché. Mais il donne tout et on le lui rend bien. Tout le monde lui fait des cadeaux et il aide tout le monde. Pendant plus de deux ans il a été SDF, squatteur de canapés, alors aujourd'hui il ne ferme jamais la porte et quand il n'est pas là on peut toujours entrer. A l'heure où j'écris il est loin, dans un village au Zimbabwe. Là bas il se repait des mots et des notes de son maître, Monsieur Simboti. Le deuxième père dont il parle avec des étoiles dans les yeux.

                Nous avons quitté Kyoto un mardi. Nous avons plié les futons pour la dernière fois, en silence, et avalé une tranche de navet bouilli. Il nous a accompagnées à l'arrêt, bouclant la boucle de cette parenthèse enchantée. Après une dernière embrassade la polaire rouge miteuse et les yeux minuscules ont disparus tandis que le bus avalait le boulevard.

15 février 2011

Niigata bis

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Raviolis chez Ryoko

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11 février 2011

Niigata, amies et froid!

Niigata, chez Ryoko : Débarquées à Niigata nous rejoignons facilement le quartier tranquille où nous attend notre nouvelle hôte, Ryoko. En haut d’un escalier raide, au bout d’un couloir en plastique, elle nous ouvre la porte, cigarette à la main. Nous entrons dans sa cuisine, elle prépare à diner. Tout est simple dès le départ et la conversation démarre rapidement. Ryoko a 37 ans, elle vit seule mais c’est parce qu’elle a beaucoup voyagé, vécu en Thailande où elle a étudié l’anthropologie. Par la suite elle a travaillé pour plusieurs entreprises et ONG, mais le rythme effréné imposé par le tertiaire japonais l’a vite faite fuir, avant de laisser sa peau dans ces journées de 20 heures…Alors elle est rentrée au Japon, près de sa famille de skieurs qui tient un magasin de sport. Chanceuse elle a ensuite réussit à décrocher un job au service culturel de la préfecture de Niigata, et la vie de fonctionnaire au Japon c’est pas pire qu’ailleurs, voire mieux avec des journées plus raisonnables de 8h à 18h…Elle vit bien. Avec Ryoko on peut parler, alors on la bombarde de questions. Parce que tout est bizarre au Japon (et bien différent de la Chine, authentique choc culturel !). Le métro, le resto, le gouvernement et les uniformes scolaires, tout y passe et elle répond avec patience ; et le recul de celle qui a vécu à l’étranger. Lucide, Ryoko décrit en souriant ses compatriotes et en particulier la manie des courbettes et des coups par derrières des employés types du tertiaire. Toujours souriants, toujours polis, trop. Comme cette conductrice de bus dont le zèle surjoué éclate en un rictus, de sa voix haut perchée sortie d’une bouche tordue ! Ryoko dit qu’elle n’est pas comme ça. Je la croit mais je ne l’ai vue qu’à la maison. Je me demande si montée dans le bus elle prend la raideur absente des autres passagers, visage inexpressifs des femmes maquillées, froideur sans pli des costumes impeccables de l’employé anthracite sur la banquette vert moquette. A Niigata la ville est froide, mais des retrouvailles amicales et la chaleur du kotatsu de Ryoko en ont fait une étape régénérante dans ce périple souvent sur le fil…
4 février 2011

Sado: en technicolore!

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Mer...du Japon.

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Mochis factory

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Yuko

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Chez Maya...

4 février 2011

Sadogashima, chez Yuko...

A Sado chez Yuko : Nous accostons à la nuit tombée pour trouver une île enneigée ; descendre du ferry pour monter dans un bus, une heure plus tard Yuko nous attend au terminus. Yuko vit avec ses parents dans la petite ville d’Aikawa et nous l’avons contactée grâce au site cousurfing.org (http://www.couchsurfing.org/) qui met en relation des voyageurs et des hôtes bénévoles à travers le monde. A peine arrivées, une fois nos sacs déposés dans la chambre glaciale où nous allons dormir (seul le salon est chauffé, comme dans beaucoup de maisons japonaises apparemment), nous rejoignons les parents de Yuko dans la pièce principale, pour un premier diner délicieux. Du riz complet accompagne une sorte d’Osso Bucco de poulet, à côté on grignote des algues froides au tofu et à la sauce soja. On fait doucement connaissance et Yuko traduit car ses parents ne parlent pas anglais. Le diner est suivi d’une tasse de thé vert servit dans de petits verres de céramiques fabriqués par la maman. On apprend que le père est un ancien employé de bureau tandis qu’elle était conservatrice dans un musée des traditions populaires et d’artisanat de l’île. Ils se sont rencontrés alors qu’elle assistait un anthropologue en observation dans l’ile. Tous deux sont plutôt petits et relativement gringalets, le père ne quitte pas son bonnet et plisse les yeux derrière ses grosses lunettes, les ferme souvent quand il parle en levant les bras en l’air avec un air solennel et illuminé ! Elle sourit avec bienveillance, foulard noué sur ses cheveux gris et gilet de grosse laine grise.

Yuko a étudié la sociologie pendant quatre ans à Tokyo et juré de ne plus jamais y remettre les pieds. Revenue vivre avec ses parents, elle partage son année entre jobs temporaires, quand elle a besoin d’argent, et des mois de liberté organisés à sa guise pour apprendre la piano, le yoga, le tissage que sa mère experte lui enseigne, aider des amis agriculteurs dans l’île...et bientôt, si tout va bien, entreprendre la construction de sa propre maison en terre, si le temps le permet et que les amis sont au rendez-vous !

Le matin du deuxième jour nous nous levons tôt et déjeunons (kakis séchés, thé rouge, pommes locales) au son grinçant du violon paternel, il nous joue une chanson sur la neige, nous tend la partition que nous fredonnons timidement avec lui : les paroles sont en japonais ! Trois paires de chaussettes plus tard nous voilà parées pour une ballade sur la côte, Yuko nous guide à travers le village qui disparait sous la neige: sensation de marcher dans une épaisse meringue. D’abord les maisons villageoises de bois sombre dans les hauteurs, les bambous égouttés figées en stalactites le long du chemin, nous gagnons la côte battue par un vent glacé et chargé d’embruns. Les plages sont sales, jonchées de détritus dont Yuko affirme qu’ils s’échouent là, venus de Corée et de Chine.

La mer est gris anthracite, la neige atteint presque la grève, nous croisons des hôtels déserts perchés sur des rocs noirs qui laissent imaginer une saison estivale intense…mais qui vient à Sado en hiver ? Quatre bonnes heures de marche aller-retour, nous parlons de tout et de rien, nous sommes curieuses du mode de vie de Yuko, de ses choix et de leurs raisons. Elle répond, patiente mais toujours elliptique, sa voix monte à la fin des phrases et suggère plus qu’elle n’affirme mais ses mots dessinent une démarche déterminée, des choix assumés même si il reste des incertitudes. Yuko n’a pas vraiment de modèle mais des amis qui l’inspirent et l’intention de disposer de son temps. Retour à la maison, déjeuner « en famille », puis Yuko fait du pain avec diverses farines complètes et un mélange de carottes, pommes et riz fermenté en guise de levure. Pour le goût elle ajoute quelques cerneaux de noix et des graines de sésame grillées. Elle pétrit la pâte dans un large plat de bois épais avant de la laisser reposer 24h. Yuko a le temps.

Ensuite l’atelier cuisine se poursuit dehors, le père veut nous apprendre à faire des mochis, façon old-school avec la souche dévidée et le maillet de bois brut ! Une fois le riz cuit, on le bat (en poussant des cris pour le courage !) jusqu’à ce qu’il forme une pâte très collante, on peut ensuite y incorporer divers ingrédients pour le gout : aujourd’hui ce seront des haricots de soja. On divise cette préparation en petites boules et on se rue à l’intérieur pour les manger tant qu’ils sont chauds, trempés dans des mélanges de sauce soja/sucre/piment ou navet. Après ça on ne peut que rester au chaud pour digérer. On bouquine autour du chauffage, Yuko tricote, en fond sonore la playliste éclectique de la radio nationale alterne entre tubes de la Tabla Motown et rengaines de pop japonaise.

Pour notre dernière soirée à Sado un nouveau festin nous attend de soupe Miso, riz noir, algues, daïkon mariné (fameux navet japonais, base de l’alimentation hivernale), omelette froide et sucrée, lotus-soja-carottes…Après le diner on me réclame quelques chansons, je prends la guitare et m’exécute, c’est le moins que je puisse faire. Le père est heureux que l’instrument sorti du placard reprenne vie pour quelques instants. Demain nous nous levons tôt pour aller aider une amie de Yuko qui prépare chez elle l’indispensable Miso, condiment à base de Soja fermenté.

Maya la forte : Après les adieux aux parents et au bout d’une demie-heure de route nous arrivons donc chez Maya. Maya est enceinte de huit mois et squatte avec son amoureux Shige un hangar aujourd’hui perdu dans la neige, au bout d’un chemin isolé. Ils élèvent des poules et des chevaux, cultivent du riz et du soja entre autres, ils vivent dans la quasi autarcie de ce que l’on appelle une « simplicité volontaire ».

Quand nous arrivons vers 8 heure du matin, les haricots de Soja mijotent déjà depuis une heure dans la marmite en fonte, sur le feu de bois au milieu de la pièce. Une vapeur épaisse monte de là et il flotte une forte odeur de fumée qui imprègne encore ma peau et mes vêtements à l’heure où j’écris. Maya est incroyablement belle : bandana violet dans ses longs cheveux noirs, veste de kimono rouge fané, fleuri, fermé par un lien sur son ventre arrondi, pantalon de lainage grossier. Ses gestes sont lents et précis. Sa voix est douce, presque enfantine mais rieuse et confiante. Maya a l’assurance de celle qui a choisi sa vie, si extrêmes que soient les conséquences de ce choix. Fin février, elle donnera naissance à son enfant dans cette « maison » dénuée de tout confort moderne, et ne souhaite alors présent que son compagnon…A huit mois de grossesse, Maya sort trois fois par jour nourrir les animaux et prépare le Miso dans la souche de bois dévidée. Elle écrase, tamise, malaxe, porte, appliquée.

Nous déjeunons autour du Kotatsu (table basse japonaise couverte d’une couverture intercalée entre les pieds et le plateau pour recouvrir les jambes des convives, avec un chauffage au centre, électrique la plupart du temps mais aux braises chaudes chez Maya). Après le repas je reprends la guitare tandis que Maya ,et son vieux chien qui quémande des caresses, ronronnent, assommés de fatigue. Quand nous reprenons la route, elle se remet au travail : elle fabrique des skis avec de larges bambous scindés en deux qu’elle tord sur le feu. Une paire pour elle, une pour Shige, elle rit déjà en imaginant leurs glissades. Ce soir nous dormirons à Niigata.

4 février 2011

Pause Transports (ferroviaires et maritimes)

            Comme on est des filles positives avec Solène, on s’est dit que rater ce fichu bus et dépenser 100 euros pour prendre le Shinkansen et être à temps à Sado ça a aussi du bon. D’abord, parce que c’est un super train super rapide et beau comme un dauphin blanc supersonique. Ensuite parce qu’en quittant Tokyo, j’ai aperçu au loin, entre neiges et brumes, le mont Fuji comme une apparition qui nous a toisées alors que nous traversions le bâti pavillonnaire ininterrompu des banlieues de Tokyo. A bord du train toujours le même silence bruissant seulement de murmures discrets ; il fait chaud et je me demande à quoi ressemble l’été au Japon, quelle en est la sensation, il faudra revenir. Le train traverse de nombreux tunnels, quand nous ressortons le paysage est couvert de 50cm de neige, les toits croulent sous l’épaisseur glacée, mais les lycéennes en jupes plissée qui montent à l’arrêt suivant ne portent toujours pas de collants…parait que c’est la mode.

 En deux heures nous sommes à Niigata, ville portuaire au nord-ouest de Tokyo, un menu vite avalé dans un resto de la gare routière et nous gagnons le ferry port sous la neige toujours. A bord du bateau pas de sièges mais de vastes salles couvertes de tatamis de moquette verte. Chacun prend place à bonne distance des autres afin de pouvoir s’allonger. Cernée par les ronfleurs je scrute cette mer qu’on dit « du Japon » avec une sensation plus accrue, géographique, d’exister. Sentiment paradoxal de la familiarité apaisante de l’océan, toujours un peu le même, mêlée à la sensation aigue d’être un point sur une carte ou une mappemonde. Entre matérialité brute et anonyme de l’océan et conscience cartographique du trajet parcouru et des coordonnées de notre embarcation…Monde bleu, tonnes d’eau, reflets huileux du soleil à la crête des vagues-Mer du Japon, entre Niigata et Sadogashima.

4 février 2011

Tokyo: en images!

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Akihabara

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Musée beau musée vide

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La Jetée

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